UNE FAMILLE EN AMERIQUE DU SUD
AQUANDES
01 trajet
02 par Laurent
03 par Véro
08 Photos
CARNET DE ROUTE 7
Lucie et Véro sont maintenant depuis deux semaines à l’appartement et tout se passe bien. Nous en profitons pour rendre visite à Alain et Fabienne qui louent un appartement à Palmas (voir carnet 6). Nous passons l’après midi autour du churrasco et de quelques bouteilles de vin à discuter de nos projets.
Le moment que nous attendons tous avec impatience est arrivé ; redémarrer. Enzo, probablement lassé par ses 6 semaines d’inactivité, nous fait quelques caprices. Les batteries plates, ce n’est pas un gros problème, mais la pompe d’alimentation en diesel pédale dans la semoule. Les clapets sont piqués et les sièges oxydés. Nous arrivons, pompe en main, à 17h59 chez Bosch Truck Service. Ils ferment à 18h00 mais acceptent de nous la reconditionner sur le champ.
Nous nous séparons à nouveau de papy et mamy. Depuis le début du projet ils nous suivent et ils nous aident, mais, sans leur présence, nous aurions eu beaucoup de mal à nous organiser pour les événements de ces dernières semaines.
Les gamins sont contents de retrouver la route ; Lucie découvre. C’est bruyant, ça vibre, ça tremble et les raccords de pont à la brésilienne font très montagne russe, mais, dans l’ensemble, ça lui convient.
Nous visitons les deux villages de Gramado et Canela. Perchés dans la montagne au nord de Porto Alegre ils sont très prisés des brésiliens pour leur exotisme. Fondés par des colons bavarois qui y ont trouvé un environnement familier, on se croirait en Allemagne. Seule une certaine nonchalance vous rappelle que vous êtes au Brésil. Nous avions voulu visiter ce lieu en remontant sur Florianópolis, mais le temps exécrable nous avait fait rebrousser chemin.
Un petit arrêt chez nos amis de BIVEL (IVECO) à Porto Alegre pour leur montrer Lucie et faire une vidange à Enzo et nous rejoignons l’Uruguay. Vous avez déjà pu comprendre que nous avons eu le coup de foudre pour ce petit pays. Nous avons aussi décidé de remettre la palme de la douane la plus sympa à Chui, à l’extrême sud du brésil.
Nous nous arrêtons au parc national de Santa Teresa, au même endroit que lors de notre visite précédente. Véro me dit : »on penche trop vers l’avant pour pouvoir dormir ». Je redémarre Enzo pour rectifier la position… et… bardaf c’est l’embardée*. La dernière fois, il pleuvait et le sable était dur. Aujourd’hui il fait sec et le sable est comme de la farine. Au lieu de reculer, je m’enfonce. Une seule solution, bloquer boite de vitesse et pont, et manœuvrer pour sortir en marche avant. Je me retrouve bloqué, posé sur les ponts, parallèle au chemin et… nez à nez avec un robinet. A ce moment, Xavier me dit : »donc, tu vas utiliser le treuil maintenant »… j’avais oublié que j’avais un treuil ! En treuillant à 90° et en faisant tourner les roues, nous arrivons à faire riper l’avant pour se dégager du robinet. Ensuite, il suffit de changer d’arbre pour treuiller dans l’axe.
Le hic, car il y a un hic, c’est que la réparation brésilienne sur la transmission n’a pas résisté à l’effort ; toutes les soudures ont lâché. Il faut démonter les deux arbres de roue pour pouvoir continuer à rouler en deux roues motrices avec la boite de transfert bloquée. Je vous épargne les détails mais pour cela il faut enlever les roues, les freins, les moyeux et les axes de fusée. Six heures de travail, remontage compris, et je comprends pourquoi certains mécaniciens se spécialisent dans les scooters.
Nous nous arrêtons à Paysandu pour tenter de les faire réparer. La ville est au centre de la région agricole et regorge d’ateliers super équipés et, si il faut attendre, les thermes ne sont pas loin. Le concessionnaire Mercedes nous conduit à un atelier de rectification et là, le constat est vite établi. Les paliers à roulements montés au brésil sont trop profonds et les axes ne vont pas en butée. De plus, la fixation par soudure n’est pas assez résistante. Ils nous proposent de les remplacer par des paliers lisses, usinés sur mesure, identiques au montage d’origine.
Mais assez parlé mécanique, parlons casseroles. Ici, en Uruguay, le plat national c’est le chivitos ; genre de sandwich garni. C’est tellement bien garni que, partout, on le propose sans pain. Il s’agit alors d’un steak surmonté d’une tranche de jambon, d’une tranche de fromage, une tranche de lard et d’un œuf sur le plat (parfois deux). L’ensemble est servi avec de la salade, des tomates, des légumes au vinaigre et des frites. C’est… nourrissant.
Dans Enzo, une de nos spécialités est la sauce voyageur : prenez la quantité de légumes nécessaire pour le nombre de personnes qui mangent. Coupez en petits morceaux (un grand cuisinier aurait un nom pour ça mais nous sommes des voyageurs !) les légumes à faire revenir et en gros morceaux les légumes à mijoter. Faites revenir les légumes ad hoc dans la casserole à pression puis ajoutez les autres et fermez la casserole. Apres la cuisson, laissez retomber la pression pour ouvrir la casserole et rectifiez l’assaisonnement. A ce sujet, c’est toujours utile d’avoir de la sauce anglaise en réserve.
* expression tirée d’une série humoristique belge qui veut dire : rien ne va plus.
Etat d’âme :
Même en voyage, il y a des jours où on a l’impression que rien ne va. Pour la troisième fois, les arbres de transmission avant sont en réparation. Les soudures au niveau des croisillons ont lâché. Faut pas être spécialiste en mécanique pour savoir que des soudures sur des pièces de mauvaise dimension ne résistent pas à une traction de 10 tonnes !!!
Toujours pas de nouvelles de Belgique pour nos clapets de frein moteur. Laurent contacte directement DEUTZ Benelux à Anvers, et, après quelques coups de téléphone et quelques Emails, nous avons un espoir de solution.
Laurent repère une fuite sur le circuit de mazout, le joint de la grande fenêtre fuit, un raccord en plastique du robinet de la cuisine ne résiste pas à la pression de nôtre nouvelle pompe.
Lucie est brésilienne de par son lieu de naissance, elle n’est toujours pas belge car les différentes administrations ne sont pas d’accord entre elles sur les démarches à effectuer. Elles ne reconnaissent pas l’acte de naissance original, nous demandent MAINTENANT de nous rendre à Rio De Janeiro ou Brasilia etc. plus on avance, plus la procédure est complexe. On ose encore espérer que les différents fonctionnaires nous proposent une solution réaliste et réalisable. Lucie est couverte par notre assurance voyage mais nous ne pourrions pas la rapatrier puisqu’elle n’a droit à aucune couverture sociale puisqu’elle n’existe pas !
Bref, même les rêves ont une facette cauchemardesque ; juste une toute petite, rassurez vous.
Journée type… à 6 :
03h00 Tétée
08h00 Tétée, petit-déjeuner
Vaisselle
Lessive de Lucie
Balayer et sortir les poubelles
Ecole ou route ou visite
12h00 Tétée, dîner
Vaisselle
Route ou visite
15h00 Tétée
Route ou visite
18h00 Tétée, préparation du souper
19h00 Souper
Vaisselle… si possible
20h00 Les hommes à la douche
Lucie au bain
Tétée
Vider le réservoir de la toilette
21h00 Les enfants : couvre feu
Les parents : Laurent à l’ordinateur et Véro dans les papiers
22h00 Maman entend la respiration apaisée de ses 4 chérubins
Et peut s’endormir aussi
Généralement Lucie fait une sieste le matin, rarement l’après midi. Elle dort bien la nuit. Lorsqu’on roule, soit elle somnole, soit elle dort, soit elle regarde les paysages, soit elle observe son mobile. De 17h00 à 20h00 Lucie n’est généralement pas de bonne humeur.
Lorsque nous sommes dans un camping, il y a une journée consacrée à la lessive et à un check up du camion.
Pouponner, allaiter, câliner, enseigner, cuisiner, nettoyer, lessiver, lire, écrire et… voyager, C’EST EREINTANT !
5+1 :
Vivre avec un bébé dans un motor-home demande un effort de tout un chacun. Il faut le calme lorsque Lucie dort. Les trois garçons ont du accepter que parfois nous laissions Lucie pleurer un moment. Allaiter prend plus de temps qu’ils ne pensaient. Ils sont plus mis à contribution pour les tâches quotidiennes.
Ils ont « grandi » tous les trois. Avec le voyage et la naissance de Lucie, ils sont devenus beaucoup plus indépendants. Ils réalisent toutes les tâches que nous leur demandons ET ils proposent leur aide.
Ils sont aux petits soins vis à vis de Lucie. Gaëtan l’embrasse systématiquement lorsque je l’allaite et Sébastien veut lui caresser la joue. Le matin, chacun à leur tour, ils jouent avec elle lorsqu’elle s’éveille. C’est fou les histoires qu’ils peuvent lui raconter avec ses peluches ! Le soir elle a droit à bisou-bonne-nuit de chacun. Ils nous donnent également des conseils : « je pense qu’il faudrait la changer ! », « elle n’a pas trop chaud avec ce pyjama ? », « j’ai tourné le buggy parce qu’elle avait trop de vent là ou tu l’avais mise. », « maman, vite un bavoir, elle gerbe ! » (Gaëtan, on ne dit pas elle gerbe, on dit elle régurgite).
Ils en sont complètement fous lorsqu’elle est habillée en petite robe avec un petit nœud sur la tête, des chaussettes roses…
Les douaniers argentins à Paysandu ont proposé aux garçons de garder leur petite sœur car elle était trop mignonne. Gaëtan et Sébastien ont agrippé le « maxi-cosi » et tous les trois ont hurlé : « non ! ».
Et le papa ? Brésiliens, uruguayens et argentins lui disent que sa fille lui ressemble. Il n’en est pas peu fier !!!Il fond face à ses regards, ses sourires, ses prouesses. Sébastien doit lui rappeler de regarder la route plutôt que Lucie !
Pour la première fois, il profite des joies de la paternité 24h/24, 7 jours/7.
Il est heureux et fier !
Dernière minute
Ce vendredi 17 novembre, nous avons reçu un e-mail de Monsieur Verstraete, consul de Belgique à Rio de Janeiro. Exceptionnellement, il se charge des formalités de Lucie qui doivent être effectuées au Brésil. Nous l’en remercions encore vivement.
04 par Xavier
Lucie
La vie avec notre passager clandestin est très difficile. C’est rare quand on peut manger tous les 5 ensemble. C’est rarissime que Lucie soit à table avec nous. Elle hurle beaucoup en fin d’après-midi. C’est difficile de s’endormir le soir. On a moins de temps libre qu’avant. Papa et Maman sont moins disponibles parce que Maman doit allaiter et Papa travaille sur l’ordinateur. Pendant ce temps là, nous jouons aux jeux de société ou nous lisons.
Notre premier ensablement
Nous étions allés pour la 2ième fois au camping près du fort de Santa Teresa. Nous nous sommes ensablés. Nous nous sommes garés à la même place que la première fois mais cette fois-là il avait plu et donc le sable était dur. Cette fois-ci il faisait très sec et le sable était comme de la farine.
Nous voulions bouger Enzo parce qu’il penchait un peu vers l’avant. Il y avait une petite bosse de 30 cm de haut et Papa a glissé dessus ce qui a formé un trou. Nous étions en marche arrière car juste devant le camion il y avait un robinet. Papa a essayé de reculer une dernière fois mais le trou c’est approfondi. Il m’a donc demandé que je vienne l’aider pour mettre des fougères devant et derrière les roues pour que cela glisse moins. J’en ai mis plein mais on n’a pas su en sortir. Heureusement que j’étais là car Papa avait oublié que le camion avait un treuil. Papa a donc accroché le treuil à un arbre avec un angle de 90° pour éviter le robinet. Il a fait glisser le camion vers la droite. A un moment le trou était tellement profond que Papa a retiré le pare-choc arrière qui est assez bas. Quand Enzo s’est retrouvé à côté du robinet, il y avait une motte de sable qui atteignait le ¾ de la hauteur de la jante avant droite. Ensuite, nous étions dans l’axe du treuil pour sortir bien droit du trou. Après être désensablé nous étions tous surpris par la taille du trou. Toute la manœuvre a duré 2 heures.
Nous sommes allés à la douche et on était tellement fatigués qu’on y a oublié le gel douche et le shampoing.
05 par Sébastien
Je suis allé à la frontière entre le Brésil et l’Uruguay à Chuí mais cette fois-ci nous ne sommes pas resté en panne. Du côté brésilien pour les cachets des passeports, il fallait revenir 20 km en arrière. L’immigration avait changé de place.
A Santa Teresa, j’ai visité une forteresse qui a été construite par les Portugais et les Espagnols. Il y avait une poudrière. C’est comme une grande cabane avec des tonneaux de poudre à l’intérieur. La poudre servait pour les canons et les fusils. Il y avait aussi une vraie forge. Des photos montraient la forteresse avant les travaux. Dans une salle, il y avait toutes les maquettes des forteresses d’Uruguay. La plus grande est celle de Montevideo.
On est allé au même camping que la première fois et on s’est garé au même endroit près d’un petit robinet. Enzo s’est ensablé. Xavier a dû rappeler à Papa qu’on avait un treuil pour se sortir de là.
Je suis de nouveau allé aux thermes de Guaviyú. Il y avait 3 piscines d’eau chaude. Ils étaient en train de repeindre les autres. Pendant ce temps-là, les arbres de transmissions étaient chez le réparateur. J’adore les thermes parce que l’eau est chaude sans être chauffée, elle est juste un peu filtrée.
On a passé la frontière du Brésil à ‘Uruguay à Chui. On a visité le fort de Santa Teresa. Il y avait des canons : des grands et des petits. On a été au même camping ou on a été la première fois, on s’est garé au même emplacement. Papa a voulu bouger le camion, on s’est ensablé et le sable allait jusqu’au raz des soutes arrières. Papa a appelé Xavier pour mettre de l’herbe (et pourquoi il fallait de l’herbe ?). On s’est bougé avec le treuil et il a cherché un endroit où il y avait de l’herbe.
Après on est allé à Minas. Dans le camping, il y avait des nandous des genres d’oiseaux ; on dirait des petites autruches. Il y avait aussi des poules, des lapins et des vaches. Dans la plaine de jeux, une poule a pondu un œuf dans la voiture de course numéro 13. Les voitures sont des genres de grands fûts et on a mis de la tôle pour faire les capots. Un groupe d’élèves est venu et ils ont cassé l’œuf de la poule. Moi je trouve que ce n’est pas gentil.
Je suis allé aux thermes de Dalmiron. Il y avait une piscine d’eau froide ; je n’y suis pas allé. Les piscines étaient vieilles ; la couleur s’enlevait.
On a décidé de retourner aux thermes de Guaviyú parce que là c’était mieux. Il fallait qu’on s’occupe parce que la transmission avant était cassée.
En Uruguay, il y a plein de vieilles voitures. Toutes les vieilles voitures roulent et elles sont presque toutes pourries. Parfois, elles sont restaurées. J’ai même vu celle de Gaston Lagaffe.
A la fin, on a campé devant une très grande plaine de jeux. C’était en Suisse et c’est vrai ! Vous pouvez me croire. Il y avait un grand drapeau suisse en carrelage.
Maman m’a acheté des jouets pour jouer dehors : un camion, une pelle, un râteau, une forme de lapin, un frisbee. C’est pour remplacer mon vélo qui est resté à Florianópolis.
J’ai une petite sœur. Elle pleure tout le temps quand je veux m’endormir.
Au revoir tout le monde, j’espère que vous allez bien, j’espère que la maison d’Anna est terminée.
10 milles bisous de 1000 milliards pour tout le monde.
06 par Gaëtan
07 par Lucie
J’ai découvert ma vraie maison ! Elle est toutiriki ! Je joue sur la table de la cuisine, je prend mon bain dans l’évier (bientôt je serai trop grande), je fais dodo juste à côté de mes grands frères. Papa installe le super fauteuil d’allaitement dans la salle de jeux de mes frères. Le soir, quand je fais mon rot, je peux observer mes frères qui rient en lisant des bades dessinées de Gaston Lagaffe.
Lorsqu’on roule, de mon maxi-cosi, je peux observer les nuages ou les arbres. Il en existe de plein de formes différentes. Un mobile de petits clowns multi-color est fixé sur la poignée du maxi-cosi. Au début je ne faisais que les regarder mais maintenant j’ai compris qu’ils faisaient du bruit lorsqu’il y a des trous dans la route ou quand je tape dessus.